Imaginez un monde propulsé par une énergie illimitée, propre et bon marché. Voilà le rêve ultime de la fusion nucléaire, une technologie qui cherche à reproduire ici sur Terre l’énergie du Soleil et des étoiles. Si elle devient une réalité industrielle, cette source d’énergie pourrait transformer radicalement notre société et permettre une transition énergétique sans précédent.
La bonne nouvelle ? Ce rêve est un peu moins lointain aujourd’hui grâce à une avancée scientifique tout récemment dévoilée par une équipe de chercheurs de l’Université du Texas à Austin, du laboratoire national de Los Alamos et du groupe industriel Type One Energy. Ces scientifiques viennent de résoudre un casse-tête vieux de près de 70 ans lié à la conception des réacteurs à fusion de type stellarator.
Pour les non-initiés, le stellarator est une machine de fusion nucléaire conçue pour contenir un plasma, c’est-à-dire un gaz très chaud constitué de particules énergétiques, grâce à un champ magnétique généré par des bobines externes. Ce concept a été proposé dans les années 1950 comme alternative au tokamak, un autre type de réacteur de fusion plus connu du grand public.
La grande difficulté avec les stellarators, c’est de maintenir les particules énergétiques à l’intérieur de ce champ magnétique. Ces particules, lorsqu’elles s’échappent du « confinement magnétique », provoquent un refroidissement du plasma. Et un plasma froid, eh bien… ça ne fusionne pas.
Le tout fonctionne comme une sorte de bouteille magnétique particulièrement capricieuse. Si elle présente des fuites, autrement dit des zones où le champ magnétique est moins efficace ou défaillant, alors la réaction de fusion devient instable, voire impossible.
Traditionnellement, les scientifiques utilisent les lois du mouvement de Newton pour simuler les trajectoires des particules dans le champ magnétique, et ainsi repérer les fuites éventuelles. Le souci? Cette méthode est extrêmement précise mais aussi infernalement longue et énergivore du point de vue du calcul.
Pour aller plus vite, certains ont recours à une technique plus rapide mais bien moins fiable appelée théorie des perturbations. Malheureusement, cette approche simplifie trop les comportements dynamiques du plasma, ce qui la rend peu adaptée à la complexité des stellarators modernes.
Josh Burby et ses collègues ont développé une nouvelle méthode basée sur la théorie de la symétrie, qui permet d’identifier les zones défaillantes du champ magnétique avec une précision comparable aux méthodes classiques, mais en dix fois moins de temps. Rien que ça.
Concrètement, au lieu de calculer péniblement la trajectoire de chaque particule, les chercheurs analysent les propriétés fondamentales et cachées du système liées à sa géométrie. Grâce à cette approche, il devient possible d’anticiper les endroits où les particules pourraient s’échapper sans passer par des milliers d’heures de simulation.
En d’autres termes : ils ont trouvé une sorte de raccourci mathématique, une carte détaillée de la bouteille magnétique avant même d’en avoir besoin.
Selon Burby, il s’agit d’un « tournant radical » dans la façon dont on conçoit les réacteurs à fusion. La méthode traditionnelle était trop lente. La méthode simplifiée était trop imprécise. Leur approche, elle, arrive à combler le fossé entre précision et efficacité.
Mais l’impact ne s’arrête pas aux seuls stellarators ! Leur approche peut également être étendue aux tokamaks, ces autres machines de fusion dans lesquelles les électrons énergétiques peuvent échapper au confinement et endommager la structure du réacteur. La même méthode permettrait de mieux identifier les « points faibles » du champ magnétique dans ces appareils aussi.
Cette avancée est le fruit d’une collaboration interdisciplinaire et interinstitutionnelle. Voici les principaux auteurs :
Les travaux de cette équipe ont été soutenus financièrement et logistiquement par le Département de l’Énergie des États-Unis.
Cette découverte ne signifie pas que demain nous aurons un stellarator dans chaque quartier. Mais elle réduit drastiquement un des grands obstacles techniques vers des réacteurs de fusion viables.
Prochaine étape ? Appliquer cette méthode pour concevoir un prototype opérationnel, voire un réacteur pilote commercial. D’ailleurs, l’entreprise Type One Energy ne cache pas son ambition : construire un stellarator prêt à produire de l’électricité dans les décennies à venir.
La quête de la fusion nucléaire est comparable à l’alunissage de 1969 : longue, complexe, semée d’embûches. Mais chaque découverte, chaque avancée nous rapproche un peu plus du rêve d’une énergie quasi illimitée, sans carbone, et accessible à tous. Cette nouvelle stratégie de confinement magnétique pourrait bien marquer un point de bascule.
Certes, tout n’est pas encore gagné. Il reste des montagnes de défis à surmonter. Mais pour la première fois depuis longtemps, la lumière au bout du tunnel fusionnel paraît un peu plus brillante.
Source : Université du Texas
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